Ne
Ne comparatif
L’adverbe négatif ne ne suffit généralement pas en français pour exprimer la négation. En dehors de quelques constructions figées (si je ne m’abuse, il n’empêche, n’importe qui…), il n’apparait que dans des phrases complexes, lorsqu’il y a une discordance entre l’idée véhiculée par la principale et celle véhiculée par la subordonnée.
Ne apparait seul devant le verbe qui figure dans le 2e terme d’une comparaison de disparité, c’est-à-dire d’inégalité, introduite par plus que / moins que et leurs équivalents sémantiques (pas autant que, pas plus que) :
Agathe est plus fatiguée que Jules ne l’imagine. Cette armoire est moins solide que je ne le croyais.
Le mécanisme en jeu est le suivant : dans une comparaison de disparité, si le 1er terme de comparaison est implicitement positif, le second est nécessairement implicitement négatif, d’où la discordance :
Agathe est plus fatiguée que Jules ne l’imagine. = Agathe est fatiguée + Jules imagine qu’Agathe n’est pas fatiguée
Si le 1er de comparaison est implicitement négatif, le second est nécessairement implicitement positif, d’où la discordance là encore :
Cette armoire est moins solide que je ne le croyais. = Cette armoire n’est pas solide + je croyais que cette armoire était solide.
C’est ce qui explique
1. que lorsque le premier terme de la comparaison est grammaticalement négatif, le ne n’apparait pas : la négation grammaticale annule la discordance :
Agathe n’est pas plus fatiguée que Jules l’imagine. = Agathe n’est pas fatiguée + Jules imagine qu’Agathe n’est pas fatiguée.
Cette armoire n’est pas moins solide que je le croyais. = Cette armoire n’est pas solide + je croyais que cette armoire n’était pas solide.
2. que lorsqu’une comparaison d’égalité est grammaticalement négative, le ne apparait devant le 1er terme de la comparaison, la négation de l'égalité engendrant une disparité et donc une discordance :
Cette armoire n’est pas aussi solide que je ne l’imaginais.
Ne explétif
L’adverbe négatif ne ne suffit généralement pas en français pour exprimer la négation. En dehors de quelques constructions figées (si je ne m’abuse, il n’empêche, n’importe qui…), il n’apparait que dans des phrases complexes, lorsqu’il y a une discordance entre l’idée véhiculée par la principale et celle véhiculée par la subordonnée.
Ne apparait seul, sans valeur négative :
- dans la subordonnée complétive dépendant d’un verbe de crainte ou d’empêchement :
Jules craint qu’Agathe ne rate son train.
- à la suite des expressions expriment l’imminence contrecarrée :
Il s’en est fallu de peu que le cycliste ne soit renversé par la voiture.
- dans la subordonnée adverbiale introduite par une conjonction marquant la crainte ou l’antériorité :
Agathe enfile un pull sous son manteau de peur qu’il ne fasse trop froid dehors. Jules veut avoir fini de repeindre sa salle de bain avant que sa nièce ne vienne passer les vacances chez lui.