Verbes ergatifs
On appelle « ergatif » un verbe qui peut faire l’objet d’emplois transitifs et intransitifs, mais dont le passage du transitif vers l’intransitif promeut le patient en sujet grammatical sans transiter par la voix passive.
Ces deux conditions doivent être réunies pour qu’on puisse parler de verbe ergatif. En effet, de nombreux verbes français peuvent être utilisés de manière transitive ou intransitive sans que cela affecte les rôles de l’agent et du patient. Ainsi, en français, on peut dire indifféremment :
Jules boit sa tasse de thé. Jules boit.
mais, même si le verbe boire peut prendre un sens différent selon que l’emploi est transitif (‘ingurgiter’) ou intransitif (‘être alcoolique’), dans l’un et l’autre cas, l’agent n’est pas dissocié du sujet grammatical : Jules fait l’action exprimée par le verbe dans les deux cas.
Dans le cas des verbes ergatifs, l’agent coïncide avec le sujet grammatical lorsque l’emploi est transitif, alors que c’est le patient qui coïncide avec le sujet grammatical lorsque l’emploi est intransitif :
Agathe ferme la porte derrière elle. La porte ferme mal.
Le français ne possède que quelques verbes ergatifs, tous d’aspect dynamique : augmenter, bouger, casser, crever, cuire, diminuer, fermer, fondre, frire, guérir, monter, ouvrir, rater, tourner…
Du fait que les verbes ergatifs font coïncider le patient avec le sujet grammatical, occultant ainsi le rôle de l’agent, ils sont souvent utilisés de manière expressive lorsqu’on cherche à passer l’agent sous silence :
Le vase de Jules a cassé. Le soufflé d’Agathe a raté. Les impôts de Jules augmentent chaque année. La fièvre d’Agathe diminue.