Degré de l'adjectif qualificatif

De MultiGram

Parmi les déterminants du nom, seuls les adjectifs qualificatifs (ce sous-ensemble incluant les formes adjectivales du verbe, c’est-à-dire les participes passés et présents) connaissent des degrés de comparaison. Cette aptitude à connaitre un degré comparatif ou superlatif touche la quasi-totalité des adjectifs qualificatifs. Dans les rares cas de blocage, les adjectifs concernés sont des adjectifs résultant de la conversion de mots relevant initialement de différentes catégories :

Une fiesta monstre 
>< ? la fiesta la plus monstre de l’année

ou des adjectifs dérivés de noms :

Une carte routière 
>< ? cette carte est la plus routière de toutes les cartes en ma possession.

Comparatif

Le français connait deux modes de composition du degré comparatif, l’un analytique, l’autre synthétique. Les formes analytiques sont les plus courantes ; elles sont composées d’un marqueur d’égalité (aussi, parfois réduit à si en présence d’une négation) ou de disparité (plus, moins) et de l’articulant que qui introduit le second terme de la comparaison :

Jules est aussi intelligent qu’Agathe.
Jules n’est pas aussi / si intelligent qu’Agathe.
Jules est plus intelligent qu’Agathe.
Jules est moins intelligent qu’Agathe.
Agathe a une plus belle robe que celle d’Éléonore.
Agathe a une moins belle robe que celle d’Éléonore.
Agathe a une aussi belle robe que celle d’Éléonore.
Agathe n’a pas une aussi / si belle robe que celle d’Éléonore.

Les formes synthétiques ne concernent qu’une minorité d’adjectifs (petit → moindre, bon → meilleur, mauvais → pire), encore les adjectifs concernés peuvent-ils également connaitre une forme comparative analytique concurrentielle, parfois différenciée par le sens de la forme synthétique :

La tarte aux framboises de Jules est meilleure que celle d’Agathe 
>< La tarte aux framboises de Jules est plus bonne que celle d’Agathe
Un problème moindre que le tien se pose à moi 
≠ Un problème plus petit que le tien se pose à moi.
Mes résultats au test sont pires que je ne l’imaginais 
= Mes résultats au test sont plus mauvais que je ne l’imaginais.

Le français utilise assez peu le comparatif sans exprimer le second terme de la comparaison, bien que le procédé soit tout à fait correct syntaxiquement :

Cette fois, j’ai pris un train plus rapide.
(c’est-à-dire plus rapide que celui que j’ai pris la fois passée)
Je suis allée échanger mes chaussures contre une paire de chaussures plus petites.
(c’est-à-dire plus petites que celles que j’ai achetées précédemment)
Agathe s’est fait faire une jupe moins longue.
(c’est-à-dire moins longue que celle qu’elle portait au bal de l’an passé)
Je ne me souviens pas avoir déjà vu un ciel aussi/si bleu.
(c’est-à-dire aussi bleu que celui que j’ai sous les yeux)

Superlatif

Le français fait la distinction entre un superlatif relatif et un superlatif absolu, qui se construisent différemment.

Le superlatif relatif et le superlatif absolu ont en commun de recourir aux marqueurs de disparité – analytiques ou synthétiques – que le comparatif, dont ils se distinguent essentiellement par l’absence de tout articulant et de second terme de comparaison.

Le superlatif relatif se positionne toujours devant le nom qu’il détermine ; il ne s’accommode que des déterminants le, mon (ton, son…) ou ce (un déterminant un ou du ferait basculer le superlatif relatif du côté du comparatif) :

Sa plus douce consolation est de la savoir en sécurité. 
L’équipe norvégienne a placé son plus grand espoir en son quatrième relayeur.
Le meilleur ami de Jules est amoureux d’Agathe.

Le superlatif absolu recourt aux mêmes marqueurs de disparité que le comparatif ou le superlatif relatif. Il se positionne toujours derrière le nom qu’il détermine ; il ne s’accommode que des déterminants le, mon (ton, son…) ou ce, un déterminant qui est reformulé sous l’unique forme de l’article le devant le marqueur de disparité :

Sa consolation la plus douce est de la savoir en sécurité.
L’équipe norvégienne a placé son espoir le plus grand en son quatrième relayeur.
L’ami le meilleur de Jules est amoureux d’Agathe.

Au plan du sens, la nuance entre l’un et l’autre superlatif est souvent mince ; les différences sont avant tout syntaxiques.