Accent graphique

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En français, les accents, signes graphiques placés au-dessus des lettres qui renvoient à des voyelles, remplissent plusieurs fonctions :

  • ils donnent des informations sur la prononciation ;
  • ils permettent de dissocier des homonymes ;
  • ils donnent des informations sur l’histoire des mots qui les portent.

Leur usage est complexe et ne présente pas de réelle régularité. La maitrise de cet usage est avant tout question de mémorisation.

Informations phonétiques

L’accent graphique donne des informations sur la prononciation des voyelles graphiques qui renvoient à des voyelles à double timbre : e pour [e]-[ɛ] et et o pour [o]-[ɔ]

L’opposition accent aigu – accent grave – absence d’accent affecte le timbre de la voyelle graphique e dans les syllabes ouvertes.

Prenons le cas de l’adjectif sévère :

  • le premier –e– porte un accent dit aigu, qui nous informe que ce –e– se prononce fermé : [e]
  • le deuxième –e– port un accent dit grave, qui nous informe que ce –e– se prononce ou-vert : [ɛ]
  • le troisième –e ne porte pas d’accent, ce qui nous informe que ce –e, lorsqu’il est prononcé, est central : [ə] ou mi-ouvert : [œ]

Dans les syllabes fermées, le –e– est toujours ouvert, aussi le timbre du –e ne se marque-il pas graphiquement.

L’opposition accent circonflexe – absence d’accent affecte le timbre des voyelles graphiques e et o :

  • sur le e il dénonce un timbre ouvert :
gêne = [ʒɛn] – [ʒɛnə] – [ʒɛnœ]
  • sur le o il dénonce un timbre fermé :
côte = [kot] – [kotə] – [kotœ]

L’opposition accent circonflexe – absence d’accent affecte l’articulation de la voyelle graphique a, dont il dénonce l’articulation postérieure :

pâte = [pɑt] – [pɑtə] – [pɑtœ]

toutefois, le [ɑ] est de moins en moins réalisé en français (il l’est surtout au Québec) et l’accent circonflexe n’a alors aucune valeur distinctive.

L’opposition accent circonflexe – absence d’accent affecte la longueur des voyelles graphiques a et i dans les variantes du français qui opposent une voyelle longue aux voyelles généralement brèves (principalement en français de Belgique) :

il = [il]
île = [i:l] – [i:lə] – [i:lœ]
pâte = [pa:t] – [pa:tə] – [pa:tœ]

Informations graphiques

L’accent grave est utilisé pour différencier les homonymes monosyllabiques :

a (verbe avoir) >< à (préposition)
ou (coordonnant) >< où (pronom relatif)

L’accent circonflexe peut remplir la même fonction dans les monosyllabes :

sur (préposition) >< sûr (adjectif)
mur (nom) >< mûr (adjectif)
jeune (peu avancé en âge) >< jeûne (abstention d’aliments)
faite (du verbe faire) >< faîte (arête du toit)

voire dans les polysyllabes :

foret (outil) >< forêt (lieu planté d’arbres)
parait (du verbe parer) >< paraît (du verbe paraitre)
bailler (louer à bail) >< bâiller (inspirer en ouvrant grand la bouche)

Informations historiques

Dans de nombreux mots, l’accent circonflexe est simplement le vestige d’une lettre qui figure dans la forme étymologique du mot mais ne se prononce plus depuis longtemps, le plus souvent un –s– devant une autre consonne :

hôtel < hostel
bête < bête

ou une voyelle en hiatus :

âge < eage
soûl < saoul

Dans les variantes du français qui opposent une voyelle longue aux voyelles brèves (principalement en français de Belgique), cet accent purement graphique peut générer une prononciation longue de la voyelle du monosyllabe qui le porte :

bête = [bɛ:t]
âge = [a:ʒ]

mais

bâtir = [batiʁ]
hôtel = [hotɛl]

Rectifications orthographiques

Les rectifications orthographiques de 1990 ont eu de nombreuses retombées sur l’accentuation graphique des voyelles du français : suppressions d’accents circonflexes, substitution de l’accent grave à l’accent aigu, accentuation des mots d’origine étrangère, etc. Le plus simple est de se reporter au texte de la réforme :

https://www.orthographe-recommandee.info

Voir aussi Accent circonflexe