Question négative
Parce que, en français, la réponse à une question négative est souvent source d’ambigüité (→ oui-si-non), lorsqu’on formule une question négative, il s’agit rarement d’une vraie question, surtout lorsqu’il s’agit d’une question fermée. En effet, dans la plupart des cas, la question négative est
- soit une question dont celui qui la pose connait la réponse (= question rhétorique) ; dans ce cas, en la posant, on cherche simplement à se faire confirmer une information, une opinion :
Ne vois-tu pas que la casserole de lait est en train de déborder ? Ne trouvez-vous pas que Jules ressemble un peu à George Clooney ?
- soit une invitation, un encouragement :
Pourquoi ne m’accompagnerais-tu pas au cinéma ?
Le fait que ce sont de fausses questions se manifeste à travers leur syntaxe, qui reste souvent la syntaxe de la phrase canonique (sujet-verbe), seule l’intonation trahit la question :
Tu ne veux pas me donner une part de ton dessert ? Tu ne devrais pas rentrer chez toi ?
Ces questions sont non seulement de fausses questions mais aussi de fausses négations, ce que l’on peut observer dans le fait qu’elles ne déclenchent pas l’usage des items à polarité négative :
POSITIF : Agathe est déjà partie. NÉGATIF : Agathe n’est pas encore partie. INTERRO-NÉGATIF : Agathe n’est-elle pas déjà partie ?
Elles prennent presque exclusivement la forme d’une interrogation totale :
Agathe ne peut-elle pas trouver quelqu’un pour la remplacer ? Les élèves de seconde ne partent-ils pas en voyage à Amsterdam ?
Les questions négatives partielles ne présentent en effet pas la même ambigüité d’interprétation et sont donc le plus souvent de vraies questions. Comparez :
Que ne comprend-elle pas ? = 1) Quel est le point du raisonnement qu’elle ne comprend pas ? = 2) Existe-t-il une chose qu’elle ne comprenne pas ? Pourquoi ce train n’arrive-t-il pas ? = 1) Quelle est la cause du retard du train ? = 2) Pourquoi ai-je l’impression d’attendre ce train depuis si longtemps ?